Remède derviche

samedi 11 avril 2015
par  Martine Lalande
popularité : 8%

Ce conte, écrit par Martine Lalande, a été primé au concours d’été 2014 de Prescrire (N°373, page 873)
Merci à la revue Prescrire pour son autorisation de le republier ici.

La journée a été longue, commencée tôt terminée tard, avec son lot de consultations et visites, problèmes et papiers, demandes incessantes de patients impatients ayant tous besoin de mille choses.

Je rentre chez moi et sur le siège du tramway je baille sans retenue. J’en pleure et me frotte énergiquement les yeux. Entre les larmes de fatigue j’aperçois, qui entre et s’assied en face de moi, un personnage original. Costume de ville et cravate, visage avenant et mobile : des yeux vifs, un nez plutôt long, oreilles décollées, début de calvitie, boucles folles, une bouche rieuse. Il me dit : « la journée a été chargée ! » « Oui » lui réponds-je, plutôt étonnée. « Quand la journée a été chargée, il faut une histoire. » « Ah ? » « Les histoires parlent des éléments, l’eau le soleil le vent… ».

Le charme s’installe. « C’est une rivière qui veut traverser le désert. Elle n’y arrive pas, elle essaie d’avancer mais elle s’enfonce dans la terre. Elle se désespère. » ça marche, la fatigue s’en va, je me sens pleine de sourire. « Une voix lui dit : tu peux traverser le désert mais tu dois accepter de changer de nature. Elle ne veut pas. Elle essaie encore, mais son lit se perd, elle s’enfonce et s’assèche…La voix reprend : il y a un moyen de traverser, mais tu dois renoncer à ta nature…Elle hésite encore » Il a un sourire rieur, une voix chantante et douce. Les autres voyageurs n’écoutent pas. « Finalement elle accepte. Alors elle devient vapeur, forme un nuage, traverse le désert, retombe en rosée et redevient rivière de l’autre côté. » Silence de mon côté, je savoure l’instant. « Alors qu’en pensez-vous ? »


« Magnifique, merci merci »
Puis « C’est de qui ? » « C’est un conte derviche ». Il me demande mon nom, me dit son prénom : « Mohamed » et descend trois stations avant moi, se glisse dans la foule.

Je termine le trajet sur un nuage, et je songe : « vive la banlieue »


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