Coup de tonnerre dans l’univers feutré de l’industrie du médicament : Médecins du Monde lance sa campagne contre la cherté des médicaments, épinglant, à titre d’illustration, le cas du SOVALDI® vendu à 41 000 € le traitement de l’hépatite C, pour un coût de fabrication estimé à 75 €.
La riposte du chœur des vierges – en l’occurrence le LEEM, syndicat professionnel des entreprises du médicament – ne s’est pas fait attendre, sous la forme d’un communiqué offusqué, qualifiant les propos de Médecins du Monde de « caricaturaux et outranciers ».
Du coup, l’ « Autorité de régulation professionnelle de la publicité » qui n’est autre qu’un organisme privé, censeur auto-proclamé des campagnes publicitaires, au Conseil d’administration duquel siège notamment le président de la commission Europe du MEDEF, a donné un avis défavorable à la publication des affiches prévues par Médecins du Monde. Dociles, les afficheurs habituels s’exécutent : vous ne pourrez donc pas voir lesdites affiches dans le métro ou les kiosques. Qui donc s’est un jour moqué des républiques bananières d’Amérique centrale ?

Les Outils du soin saluent l’initiative courageuse de Médecins du Monde. Il se trouve – hasards du calendrier – qu’elle coïncide avec la publication sur notre site d’un nouvel outil : le Livret, dont la première parution s’intitule : « Chers, trop chers médicaments ». Nous vous laissons y découvrir les mystères d’une Recherche & Développement transformée en économie casino, les ententes illicites et anti concurrentielles des plus fidèles tenants de l’économie libérale, les conflits d’intérêts, la privatisation d’une entreprise dévouée à l’origine au bien commun du pays, notre Sécurité sociale réduite au rôle de vache à lait, bref, les mille et une manières de vous alléger du trop-plein de vos revenus, comme patient, cotisant, contribuable.

Bien évidemment, cela va de soi, mais encore mieux en le disant, après avoir lu le Livret, courez donc signer la pétition de Médecins du Monde. Rien que pour le plaisir d’ajouter une signature « caricaturale et outrancière » aux basques d’une malheureuse industrie, pourtant la plus rentable de la planète, une industrie dont le bénéfice annuel d’une seule des multinationales qui en sont l’ornement atteint les 7 milliards d’€, soit le déficit de l’Assurance maladie de la France.