Par Martine
Bon en effet il est facile de dire qu’on n’aurait pas besoin de génériques si le gouvernement (le ministère de la santé ?) était capable de décréter la fin des brevets, de faire avec les professionnels une liste de médicaments essentiels et de négocier un seul labo par molécule et une production à prix coûtant (voire une production publique et une diffusion à prix coûtant...)
En attendant, est-ce que les génériques sont une bonne solution ? Cela semble logique : si des labos peuvent produire des médicaments moins chers, prescrivons les moins chers puisque ce sont les mêmes molécules. Au début on se disait : pourquoi favoriser le copiage plutôt que reconnaitre le labo qui a produit le premier la molécule ? mais cela ne tient plus, à l’ère de la généralisation des copies et molécules équivalentes (me-too) : où est la molécule d’origine et son labo producteur est-il plus vertueux que les autres ? Réponse : non
Ensuite on a vu que cela marchait : le doliprane a baissé son prix pour être au niveau de prix du paracétamol et comme c’est la même molécule on peut prescrire les deux et ne pas substituer le paracetamol n’est pas bien grave...Puis on a vu des effets indésirables avec certains génériques (des vrais : oedèmes, malaises...) qu’on ne voyait pas avec le produit "d’origine", j’en ai même déclaré à la pharmacovigilance pour de la metformine, et ils ont pris le problème au sérieux : à cause de l’excipient ? Et puis des mises en garde pour certains produits : le Lévothyrox, le Mopral...certaines abandonnées par la suite. En tous cas il y a une chose qui n’a pas marché, c’est la pédagogie : les gens n’y comprennent rien, et prennent ça pour une brimade, un abus de pouvoir du pharmacien, un cadeau quand on accepte d’écrire "non substituable" à côté du produit sur l’ordonnance. Je leur explique que c’est pareil (l’argument "moins cher" ne marche pas tellement, sauf pour certains qui sont très conscients du coût des médicaments, mais je n’insiste pas car cela a un côté culpabilisant désagréable...) qu’on devrait prescrire le nom du médicament et pas le nom de marque que ce sont de mauvaises habitudes que nous ont donné les labos (pas facile à comprendre non plus)...Et pour certains je cède et j’inscris "ne pas substituer" à la main devant chaque produit sauf ceux que j’ai prescrit avec le nom de la molécule justement depuis le début ou ceux qui n’ont pas de générique...Mais j’ai remarqué, comme certain.es collègues, que cela pose quand même des problèmes : le pharmacien qui change chaque mois de labo et les médicaments changent donc de taille, couleur, boite, forme...ou le pharmacien qui travaille avec un seul labo, et tous les médicaments ont la même boite, taille, forme...d’où le risque de prendre 6 fois par jour l’antihypertenseur et une fois le paracétamol...Réellement c’est un casse tête pour certain.es patients.es et cela devient dangereux. Mais je suis étonnée aussi par d’autres qui y arrivent très bien alors qu’ils ne sont pas plus jeunes ou plus informés que les premier.es...C’est peut-être aussi la façon de considérer le médicament qui joue. On voit ça avec la petite boite du Lexomil et la barrette qui se coupe en 4, bien plus symbolique que le comprimé rond avec une croix au milieu dans une boite carrée. Bon, OK en France on prescrit trop mais parfois les gens ont vraiment besoin de traitement alors comment leur simplifier la vie ? C’est au moins aussi important que de réfléchir à comment résoudre la guerre économique que se font les labos, avec la Sécu et les patients comme otages...Merci en tous cas d’avoir relancé le débat
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