Devenir ou non parent ? La place de l’enfant - Cordel n°50

lundi 11 décembre 2017
par  Mathilde Boursier, Outils du soin
popularité : 5%

Devenir ou non parent ? La place de l’enfant !

L’arrivée d’un enfant marque le début d’une aventure faite de hauts et de bas, de choses qu’on ne maîtrise pas et de
choses qu’on peut faire...

**Désir et non désir d’enfant

Les éléments de ce désir ou non désir ne nous appartiennent pas totalement. Il se transmet sous le manteau des his-
toires qui nous dépassent et qui nous influencent.
Certain.e.s peuvent ressentir depuis toujours un désir impétueux d’enfant ; d’autres non.
Dès notre plus jeune âge, on nous incite à faire un enfant tout en nous prédisant aussi des difficultés insurmontables
dans cette entreprise. L’ensemble de la société (l’école, le travail, les médias...) mais aussi notre entourage proche
(famille, ami.e.s...) font passer ces messages, de façon plus ou moins appuyée et plus ou moins consciente. Mieux se
connaitre permet de mieux identifier ses besoins, ses désirs propres. Pour laisser venir son propre désir ou non désir
d’enfant, il devient nécessaire de se confronter aux injonctions qui viennent de l’extérieur.
On a le droit de ne pas désirer d’enfant. Que l’on désire ou non des enfants, que l’on devienne parent ou pas, il y a mille
façons de réaliser sa vie.

**Devenir parent

La rencontre avec l’enfant est d’autant plus heureuse que nous sommes disponibles à nous-mêmes, que nous sommes
prêt.e.s à nous laisser surprendre. Mais ce n’est pas toujours possible d’accepter l’inconnu, il y a aussi des moments où
nous sommes accaparé.e.s par d’autres préoccupations. Cette rencontre peut être source de grandes joies mais aussi de
grandes peurs. La confrontation entre l’enfant rêvé et l’enfant réel n’est pas toujours simple.
Une fois que l’enfant est là, on ne peut pas le rendre, le renvoyer, l’échanger... À ce moment-là, l’adulte peut prendre
conscience du fait qu’il/elle est mortel.le et de sa responsabilité face à un être qui dépend entièrement de lui pour sa
survie. L’aventure est engagée, il va falloir trouver une façon d’avancer ensemble.
Cet apprentissage est continu, avec des moments de doutes, d’échecs, de promesses... Les interactions parents-enfants
bénéficient des expériences vécues en dehors de la famille par chacun.e. L’authenticité du désir, que les adultes vivent
dans leur intimité, permet à l’enfant de construire d’autres liens affectifs. Un enfant peut manifester des sentiments de
« jalousie » mais il est important de lui signifier que l’amour ne se partage pas, qu’il se multiplie.
Chacun.e commet des erreurs, l’important est de pouvoir les nommer. De plus, on a le droit de se faire aidé dans ce
rôle par différentes personnes, au-delà de la famille ; elles aident à « devenir parent » (voisin.e.s, ami.e.s, éduca-
teur.trice.s...) Toutefois, un regard extérieur ne sera pas toujours perçu de la même façon, selon la personne, le rôle
qu’elle joue, le moment, le contexte, les cultures et les époques dans lequel l’échange a lieu.

**L’enfant comme sujet et non comme objet

L’enfant n’est pas une possession. Il ne sera pas nécessairement le bâton de vieillesse des parents, ni leur faire-valoir, ni
leur otage lors de conflits entre adultes.
L’enfant se construit dans la relation.
Il comprend tout dès la naissance. Il est donc très utile de s’adresser à lui directement et de lui expliquer ce qui est en
train de se passer : « je vais prendre ma douche et je reviens » ...
En pleurant, l’enfant exprime un besoin, un inconfort. Le parent peut se sentir démuni quand il ne parvient pas à décryp-
ter ce langage.
Si on est triste, malheureux-se (deuil, problème de travail...) l’enfant le perçoit ; il est donc important de lui exprimer
les émotions qu’on vit, en lui précisant qu’il/elle n’y est pour rien.
Et si il/elle pose des questions, il est important de s’y intéresser, même si on n’a pas les réponses.
Parfois, l’enfant perçoit, devine sans comprendre des secrets familiaux ou des drames cachés qui enferment le parent à
son insu. Par son comportement, il peut mettre en scène ces problèmes et il peut être difficile pour le parent de s’y
trouver confronté.
La violence est souvent l’expression d’une impasse. Même verbale, elle n’est jamais une solution et engendre d’autres
violences. La violence n’aide jamais à s’entendre avec l’enfant ni à le faire grandir ou à l’éduquer.
Lorsque l’adulte menace l’enfant ou utilise ses sentiments pour le manipuler, faire du chantage affectif, il exerce aussi sur
l’enfant une autre forme de violence.
L’enfant a besoin qu’on sache lui dire oui et qu’on sache lui dire non. Il/Elle a besoin d’expérimenter des limites pour
devenir autonome. Ce n’est pas pour autant qu’on va perdre son amour.
Le regard porté sur l’enfant va influencer son comportement. L’indifférence, le jugement inadéquat, l’humiliation nuisent
à son développement. S’intéresser à ce qu’il est, ce qu’il fait, lui faire confiance va l’aider à se construire comme une per-
sonne capable d’exister et de se sentir réel, capable d’être relié à lui-même et aux autres.
Si on fait des prédictions de réussite pour son enfant, cela peut ne pas fonctionner. Mais inversement, si on fait des pré-
dictions de malheurs pour l’enfant, il y a des risques qu’il tente de les réaliser.
La lumière d’un regard positif posé sur l’enfant va lui permettre de s’épanouir.

**La question du regard, le miroir du parent


Pour D. Winnicott, l’enfant se voit dans le regard du parent. Que voit l’enfant quand il regarde le visage de son parent ? « Généralement, ce qu’il voit, c’est lui-même. En d’autres termes, la mère regarde le bébé, et ce que son visage exprime est en relation directe avec ce qu’elle voit. » Le parent est son premier miroir, sa première référence à lui-même. Beau si il/elle trouve beau, ce qu’il traduira par digne d’être aimé. Alors, l’enfant « pourra se sentir capable d’exister et de se sentir réel. »

La question du regard, le miroir du parent


Pour D. Winnicott, l’enfant se voit dans le regard du parent. Que voit l’enfant quand il regarde le visage de son parent ? « Généralement, ce qu’il voit, c’est lui-même. En d’autres termes, la mère regarde le bébé et ce que son visage exprime est en relation directe avec ce qu’elle voit. » Le parent est son premier miroir, sa première référence à lui-même. Beau si il/elle trouve beau, ce qu’il traduira par digne d’être aimé. Alors, l’enfant « pourra se sentir capable d’exister et de se sentir réel. »

La nécessité du partage des émotions 


Ces phénomènes connus depuis toujours par l’expérience commune sont l’objet d’études de différents champs professionnels (psychanalystes, psychologues de la petite enfance, chercheurs en neurosciences). Notamment par l’enregistrement de vidéos de moments d’observations de nourrissons avec leurs parents. « Le bébé a une appétence pour le partage des expériences et des émotions. » ( Colwyn Trevarthen ). Le nourrisson a envie, besoin de « raconter » ce qu’il vit à l’autre. Cette capacité à interagir existe dès les toutes premières semaines. Un bébé ressent de la force quand il arrive par la musicalité de ses sons, par son regard, son sourire, à provoquer la réponse de l’adulte en face de lui. Il éprouve alors « son agentivité »( Joelle Rochette). Si le parent n’est pas disponible à ce moment, le nourrisson se retrouve en souffrance, dans l’insécurité, le retrait. Il importe que les soignants, l’entourage aident les jeunes parents à explorer, à éprouver avec leur bébé cette capacité d’échange émotionnel, fondamentale pour sa construction psychique.

**Des interactions entre le parent et le nourrisson.


Comment devient-on parent quand on est adulte, comment fait-on une place à l’enfant ?
Comment devient-on sujet quand on est nourrisson, comment construit-on son Moi, à la fois autonome et relié aux autres ?

**S’adapter aux besoins du nourrisson


Pour le psychanalyste D. Winnicott, le bébé a besoin de quelqu’un qui sache s’adapter à l’enfant, ait une faculté de s’identifier à lui. Une « mère suffisamment bonne », « une mère ordinaire normalement dévouée », voire une « mère potable ».
La mère, mais aussi le père, la personne qui s’occupe de ui. Quand le parent arrive, de façon répétée, à répondre aux gestes et aux besoins de son nourrisson, l’enfant commence à croire qu’il a le pouvoir d’agir par magie sur la réalité extérieure. Il peut commencer à jouir de l’illusion de la toute-puissance.
Cela donne « de la force au moi faible du nourrisson ». « Par la suite, et peu à peu, il devient capable de reconnaître l’élément illusoire, il va pouvoir jouer et imaginer », être seul et avec l’autre.

**Citations
« Alors qu’au Moyen Age, les femmes avaient pu employer diverses formes de contraception, et avaient exercé un contrôle incontestable sur le processus d’enfantement, leurs utérus, à partir de ce moment-là, devenaient un territoire public, contrôlé par les hommes et l’État, et la procréation était directement mise au service de l’accumulation capitaliste » Caliban et la sorcière, Silvia Federici
« Avoir un feu et un lieu, avoir foi et loi, c’est ce qui a longtemps compté pour avoir une place au monde. Il fallait être pris dans cette résille de l’emplacement, de la filiation, de l’appartenance. Être issu de son village, de sa lignée, de son seigneur, de son dieu. Tout cela très unique et immobile. » Nullipare, Jane Sautière
« Une femme qui portait un enfant dans les bras dit, Parlez-nous des Enfants. Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, Car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes, Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves… » Khalil Gibran
Cordel écrit par Mathilde Boursier en lien avec les participant·es à l’atelier d’écriture de cordel en Dordogne ; Collectif Outils du soin, novembre 2016 Cordel n° 50 www.outilsdusoin.fr Cordel : petit fascicule brésilien de poèmes ou écrits subversifs accrochés à une corde à linge et vendus dans les marchés

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