OUISTREHAM : Mais où sont les syndicats ?
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Nous sommes allés voir le film qu’ Emmanuel CARRERE a tiré « librement » du livre de Florence AUBENAS.
C’est un film qu’il faut voir. Parce qu’on y parle du travail des gens. CARRERE a choisi de faire intervenir dans son film des non-professionnelles (oui il y a un homme dans le film, mais le film est très très majoritairement un film de femmes) et Juliette Binoche, seule professionnelle, s’en sort très bien. A « 28’ » nous avions vu une des actrices non-professionnelles. Je l’avais senti « méfiante » : qu’est-ce que ces gens de médias et de télé allaient faire de son témoignage...
CARRERE donne une place centrale, et si j’ai bien compris la question n’a pas la même place dans le livre, à la question de la « place » que choisit AUBENAS.
Pour savoir elle s’introduit dans un monde qui n’est pas le sien. Comme le lui dit la conseillère de Pôle Emploi : quand vous aurez fini vous pourrez retourner dans le monde qui est le vôtre alors que les femmes à qui vous aurez menti resteront prisonnières de leur monde. Et ça fait penser à la fin de l’Etabli (de Linhart). Son mensonge est-il légitime, moralement acceptable ?
Au cours du film, mais aussi surtout après avoir vu le film, je me suis posé la question. Ce mensonge est il acceptable ? Et il me semble qu’une partie de la réponse est dans le « pourquoi » de ce mensonge.
Dans le film la seule justification que donne (rapidement) le personnage joué par Binoche est le désir de savoir. Tu pourrais ajouter que le fait de faire connaître la situation subie par ces femmes sera un moyen d’agir, de faire changer les choses. Mais d’agir, de changer, il n’en est pas question dans le film. Ou très peu (à la fin du film Gisèle - une des dames - remercie car elle pense que le livre va permettre un « changement du regard » que l’on a sur elles...) Rien de plus.
Et là, en me posant la question, j’ai pris une bonne gifle.
J’ai réalisé que l’on peut aujourd’hui décrire honnêtement (il me semble) dans un livre ou un film le travail épuisant des femmes de ménage soumises aux contraintes horaires du Ferry SANS QU’IL N’Y AIT JAMAIS UN MOT SUR UN SYNDICAT.
Ni un mot pour, ni un mot contre, ni une critique, ni un regret, RIEN.
Ces femmes sont présentées comme solidaires entre elles, chaleureuses. Mais la question de lutter ensemble pour faire changer leur situation n’existe tout simplement pas.
L’une d’entre elles s’en « sort » avec un CDI à la « Brioche Dorée ». Tant mieux pour elle. C’est une issue individuelle.
On en est là ? Sans doute oui...
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